Chapitre 3: L'ETAT - Philosophie Terminale D | DigiClass
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L'ETAT

I.  Introduction

$\textbf{Aristote}$ affirmait que « l’homme est un animal politique » insistant ainsi sur la nécessité pour ce dernier de vivre en société. A la suite d’$\textbf{Aristote, Hobbes}$ mettait en avant la nécessité de sortir de l’état de nature vers l’état civil, c’est vers une société régie par des lois et gouvernée. En un mot, l’homme doit vivre dans une société ayant un $\textbf{Etat.}$ La notion d’$\textbf{Etat}$ n’est pas pour ainsi dire aussi nouvelle, on se rappelle des Etats mythique de l’antiquité tel que l’Olympe ou  des grandes dynasties égyptiennes de l’antiquité qui ont aboutis aujourd’hui aux diverses formes d’Etats que nous connaissons. La réflexion philosophique sur l’Etat touche des problèmes très concrets. Il s’agit notamment de la définition du concept, de la nature et de la fin de l’Etat, de comprendre la politique, de savoir si l’Etat est un instrument de domination et d’envisager une société sans Etat.

II.  Définition

A.  L’Etat

Du latin $\textbf{status}$ (action de se tenir, position, état), $\textbf{l’Etat}$ (avec E majuscule) désigne l’autorité souveraine qui détient et exerce le pouvoir politique dans une société, c’est-à-dire qui gouverne un peuple, un territoire donné.

$\textbf{L’Etat}$ forme  généralement un appareil institutionnel plus ou moins complexe, et peut prendre diverses formes appelées $\textbf{régimes politiques.}$

B.  Les régimes politiques

Les sociétés sont organisées autour de systèmes politiques très divers et variés on retrouve par exemple :

  • La$\textbf{ démocratie}$ : ici c’est le peuple c’est-à-dire l’ensemble de citoyens sans distinction de naissance, de richesse ou de compétence qui détient ou contrôle le pouvoir politique.
  • Le $\textbf{totalitarisme}$ : le pouvoir politique est concentré dans tout entier dans les mains d’un individu. On peut aussi faire référence au despotisme ou aussi à la dictature.
  • La $\textbf{gérontocratie}$ : ce sont les personnes âgées qui détiennent le pouvoir de décision en vertu de leur expérience de la vie.
  • La $\textbf{phallocratie}$ : c’est ce régime dans lequel ce sont les hommes (aux sens de masculin) qui gère la cité.

Cette liste n’est pas exhaustive, vous retrouverez dans la suite du cours d’autres références.

III.  La nature et la fin de l’Etat

A.  La nature de l’Etat est de fédérer « toutes les volonté en une seule »

Au chapitre 17 du Léviathan, $\textbf{Hobbes}$ écrit que le seul moyen d’établir une puissance commune capable de défendre et de protéger les humains afin qu’ils puissent se suffire à eux-mêmes et vivre satisfaits est de rassembler toutes leur puissance et toute leur force sur un homme ou sur une assemblée d’hommes qui peut, à la majorité des voix, ramener toutes leurs volontés à une seule volonté.

Selon lui c’est la somme de ces volontés qui s’unissent pour former l’Etat. Il compare ainsi l’Etat au grand Léviathan décrit dans la bible qui se caractérise par ses dimensions colossales et rappelle tout le monde à ordre. Ainsi « celui qui est dépositaire de cette personne est appelé souverain et l’on dit qu’il a la puissance souveraine ; en dehors de lui, tout un chacun est son sujet».

B.  La fin de l’Etat est de conserver nos « propriétés »

Dans sn second traité du gouvernement civil, $\textbf{Locke}$ écrit que « la plus grande et principale fin que se proposent les hommes, lorsqu’ils s’unissent en communauté et se soumettent à un gouvernement, c’est de conserver leurs propriétés » il faut entendre par propriétés « leur vies, leur liberté et leur biens »

Ainsi l’organisation du pouvoir politique dans un $\textbf{Etat}o$ n’a pas « d’autre fin que la paix, la sécurité et le bien du peuple » pour $\textbf{Locke}$ à l’inverse de $\textbf{Hobbes}$, l’Etat n’a pas de pouvoir absolu. Il n’a d’autre fonction que de garantir à l’homme ses droits naturels (liberté individuelle, propriété privé).

IV.  La politique ou l’art de gouverner

A.  Qu’est-ce que le gouvernement ?

Pour $\textbf{Rousseau}$ dans un $\textbf{Etat}$, la puissance  législative est  à la puissance exécutive ce que, dans un individu, la volonté est à l’action. Cela signifie que le gouvernement ne fait que mettre en exécution la volonté du peuple à travers la législation.

Dès lors « la puissance législative appartient au peuple, et ne peut appartenir qu’à lui », tandis que la puissance exécutive (le $\textbf{gouvernement)}$ appartient à un corps intermédiaire établi entre les sujets et le souverain, chargé de l’exécution des lois, et du maintien de la liberté et ce corps c’est bien le gouvernement. Ainsi Rousseau affirme « j’appelle donc $\textbf{gouvernement}$ ou suprême administration l’exercice légitime de la puissance exécutive, et prince ou magistrat l’homme ou le corps chargé de cette administration ».

B.  Nature et principe des trois espèces de gouvernement.

Dans de l’esprit des lois, $\textbf{Montesquieu}$ écrit : « il y a cette différence entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui le fait être tel, et son principe ce qui le fait agir ». Dès lors pour Montesquieu on peut distinguer trois espèces de gouvernement : le républicain, le monarchique, et le despotique. Ce que $\textbf{Montesquieu}$ appelle la nature d’un gouvernement est ce qui le définit, ses institutions. Ce qu’il appelle son principe est le sentiment qui doit animer des hommes sous un tel gouvernement.

Le républicain a pour nature la souveraine puissance du peuple en corps ($\textbf{démocratie}$) ou seulement une partie du peuple ($\textbf{aristocratie}$). Et  pour principe la vertu comme esprit d’égalité dans la démocratie et dans l’aristocratie  désigne la modération.

Dans le $\textbf{régime monarchique,}$ un seul gouverne mais en fonction lois fixes et établies et selon le principe de l’honneur.

Enfin en ce qui concerne le $\textbf{despotique}$ un seul gouverne sans règle et sans loi, et entraine tout par sa volonté et ses caprices. Le principe du despotisme est la crainte.

V.  L’Etat est-il un instrument de domination ?

A.  L’Etat et la classe dominante

Dans l’origine de la famille de la propriété privée et de l’Etat, Engels (ami et collaborateur de Marx) définit l’Etat comme « ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger » quand il s’agit de maintenir dans les limites de l’ordre le conflit entre les classes sociales antagonistes.

Du même  coup « au milieu du conflit de ces classes, il est dans la règle, l’Etat de la classe la plus puissante de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée »

On retiendra que l’Etat sert la classe dominante et donne ainsi  plus de puissance à cette classe.

B.  La fin de l’Etat doit être la liberté

Dans le chapitre 17 du $\textbf{traité théologico-politique Spinoza}$ écrit : « la fin de l'État n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'être raisonnable à celle de bêtes brutes ou d’automates » mais au contraire de « libérer l'individu de la crainte pour qu’il vive autant que possible en sécurité c'est-à-dire conserve aussi bien qu'il se parlera sans dommage pour autrui sans droit naturel d’exister et d’agir ».

Loin de la domination « la fin de l'État est donc en réalité la liberté ». on peut conclure que pour $\textbf{Spinoza}$ l’Etat n’est pas un instrument de domination bien au contraire.

C.  L’Etat contemporain et la violence légitime

Dans $\textbf{le savant et le politique}$ le sociologue $\textbf{Max Weber}$ écrit : «  s'il n'existait que des structures sociales d'où toute violence ça serait absente, le concept d'État aurait alors disparu ».  En effet, selon lui, la violence est un moyen normal de l'État au sens où l'état contemporain est « une communauté humaine qui les limites d'un territoire donné, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime ».

Par là il faut entendre que seul l’Etat est considéré comme légitimement fondé à utiliser la violence par opposition aux autres groupements et individus, par conséquent l’Etat consiste en rapport de domination de l'homme sur l'homme fondée sur le moyen de la violence légitime.

Pour $\textbf{Weber}$ l’Etat serait un instrument de domination au moyen de la violence légitime.

VI.  Une société sans Etat ?

A.  « l’Etat c’est le mal » : la critique anarchiste

L’anarchisme prône une société sans Etat. Il s’agit là d’une grande utopie.

Dans $\textbf{l'Empire knout-germanique, Bakounine}$ écrit : « l’Etat n’est  point la société il n’en est  qu'une forme historique aussi brutale qu’abstraite » dont  la nature ne consiste que dans l'autorité et la force. Dès lors quelque peine qu'il se donne pour masquer cette nature il est comme le violateur légal de la volonté des hommes, comme la négation permanente de leur liberté.

$\textbf{Bakounine}$ le grand $\textbf{théoricien}$ de l'anarchisme pour lui « l'État c'est le mal mets un mal historiquement nécessaire aussi nécessaire dans le passé que le sera tôt ou tard son extinction complète ».

Plus simplement ce qui a engendré l’Etat (l’autorité et la force) est ce qui le fera disparaitre quand les hommes n’en auront plus besoin

B.  L’ethnocentrisme étatiste

Pour $\textbf{Pierre Clastres  dans la société contre l’Etat }$ notre compréhension de l’Etat repose des fondements anthropologiques occidents qui supposent un nombre important d’individus dans une société. Or on peut bien concevoir que dans les sociétés primitives on ne saurait parler d’Etat à cause du nombre restreint d’individus. Et on peut affirmer que « les sociétés primitives sont sans Etats ».

VII.  Conclusion

On peut rappeler que l’Etat est l’entité qui détient et exerce le pouvoir politique.  Il est la somme de toutes les volontés ($\textbf{hobbes}$) et se doit de conserver les propriétés des citoyens ($\textbf{Locke}$). Ainsi gouverner c’est exécuter la volonté du législateur ($\textbf{Rousseau}$) et cela en fonction de l’espèce gouvernement ($\textbf{Montesquieu}$). Mais le débat se pose sur le rôle de l’Etat qui peut être au service de la classe dominante ($\textbf{Engels}$) ou plutôt au service de l’homme en général le libérant de ces craintes($\textbf{Spinoza}$) ou enfin le dépositaire de la violence légitime ($\textbf{weber}$). Aussi une société sans Etat est le vœu cher à Bakounine tandis que Clastres ramène le besoin d’Etat au grand nombre. Il est important que citoyen s’approprie l’Etat en être un acteur. Cela signifie chacun doit œuvrer pour l’Etat soit à son service

Exercice

  • Qu’est-ce l’Etat ?
  • Qui doit gouverner ?
  • Le citoyen doit-il tout attendre de l’Etat ?
  • L’Etat est-il l’instrument du fort ou la défense du faible ?
  • L’Etat doit-il régir toute la vie sociale ?