Chapitre 9: LA DÉCOLONISATION DE LA HAUTE-VOLTA (actuel Burkina Faso) - Histoire-Geo Terminale D | DigiClass
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LA DÉCOLONISATION DE LA HAUTE-VOLTA (actuel Burkina Faso)

I.  INTRODUCTION

La colonie de la Haute Volta a été créée le $1^{er} Mars 1919$ avec Edouard Essling comme Gouverneur, sa capitale fut fixée à Ouagadougou. Cette colonie considérée comme un réservoir de main d’œuvre a subi les excès du système colonial. Les mouvements d’indépendance qui touchent les différentes colonies ne laissent pas la Haute Volta indifférente. En dépit de leur marginalisation dans le système colonial français, les voltaïques s’unissent contre la tyrannie française.

II.  LES CAUSES DE LA DECOLONISATION DE LA HAUTE VOLTA

A.  Les excès de l’exploitation coloniale

A sa création la Haute Volta comptait environ trois millions de personnes. Cela était considéré comme un atout pour la mise en valeur de la colonie mais aussi des autres colonies de l’AOF. Ainsi donc les Voltaïques furent utilisés comme main d’œuvre abondante sur tous les différents chantiers coloniaux. Les travaux forcés, le portage, l’impôt de capitation, les mauvais traitements infligés aux voltaïques par les agents de l’administration coloniale et les recrutements forcés ont révolté les populations locales. C’est donc dans ces premières heures de la colonisation que se trouvent les racines du nationalisme voltaïque. La manifestation la plus importante de la lutte contre la colonisation a eu lieu entre 1914 et 1916. Il s’agit de la révolte $\textbf{Bwaba}$ (Boucle du Mouhoun). Elle est due à la grande famine que traverse la région de 1912 à 1914, aux produits du recrutement militaire et à l’abus des agents coloniaux. Elle a fait de milliers de victimes mais a renforcé la haine contre les français.

B.  L’impact de la suppression de la Haute Volta

Le nationalisme va beaucoup plus exacerber à partir de 1932. En effet le 05 Septembre 1932, la Haute Volta fut supprimée et repartie entre la Côte d’Ivoire, le Soudan français et le Niger. Ce démantèlement de la colonie freina la mise en valeur des pays voltaïques car la main d’œuvre devait servir sur les grands projets coloniaux notamment en Côte d’Ivoire.  Le travail forcé se renforça. Certains équipements publics de Ouagadougou (imprimerie, Ecole, trésorerie…) furent démantelé remettant ainsi en cause l’émancipation de cette ville capitale du Moogho. A la fin de la guerre, l’idée de la dette de sang renforça le mouvement en faveur de la reconstitution de la colonie. Les chefs traditionnels prirent le devant de cette lutte pour la reconstitution de la Haute Volta. C’est ainsi qu’en 1945, $\textbf{le Moogho Naaba Saaga}$ II (1942-1957) crée avec des intellectuels l’Union pour la Défense des Intérêts de la Haute Volta ($\textbf{UDIHV}$). Cette association avait pour buts de lutter pour la suppression des travaux forcés et la reconstitution de la Haute Volta. Pour rassembler plus de voltaïques autour de lui, l’UDIHV fut transformée en Union Voltaïque en Mars 1946. Ce dynamisme permis de faire fléchir les autorités coloniales en faveur de la reconstitution de la Haute Volta.

III.  LES GRANDES ETAPES DE L’EMANCIPATION DE LA HAUTE VOLTA

A.  De la reconstitution à la communauté

Le 04 Septembre 1947 la Haute Volta fut reconstituée dans ses frontières de 1932. Cela constitue un tournant majeur dans l’histoire coloniale de la Haute Volta. Après la reconstruction et l’évolution politique au sein de l’Afrique noire française, la vie politique dans la colonie s’intensifia. Dans le cadre de l’Union Française la Haute Volta choisit ses représentants pour les Assemblées territoriales et l’Assemblée nationale Française en 1948. La liste de l’Union Voltaïque composé d’Henri $\textbf{Guissou}$, Mamadou Ouédraogo, Nazi Boni prit le dessus sur celle du $\textbf{RDA.}$

En 1954, $\textbf{l’UV}$ se transforma en $\textbf{Parti Social d’Education des Masses Africaines (PSEMA)}$ et reçut le soutien de l’église et de l’administration coloniale contre le $\textbf{RDA}$. Nazi Boni se détacha de $\textbf{l’UV}$ pour créer le $\textbf{Mouvement Populaire Africain (MPA)}$ dans le but de détacher l’Ouest et le Sud-Ouest pour en faire une colonie autonome. A ces trois premiers partis s’ajouta en juillet 1956 le $\textbf{Mouvement Démocratique Voltaïque (MDV)}$ créé par Michel Dorange, Gérard Kango Ouédraogo et Maurice Yaméogo. Le $\textbf{MDV}$ s’opposa au $\textbf{PSEMA}$ considéré comme une marionnette de l’administration coloniale. Face à cela le $\textbf{RDA}$ et le $\textbf{PSEMA}$ s’unifièrent pour créer le $\textbf{Parti Démocratique Unifié (PDU)}$ en Septembre 1956.

Le paysage politique fut alors dominé par le $\textbf{PDU}$ et le $\textbf{MDV}$ car le $\textbf{MPA}$ était confiné à l’Ouest.

Dans le cadre de la mise en place de la loi cadre, la vie politique s’intensifia. Pour former le premier conseil de gouvernement voltaïque, le $\textbf{MDV}$ et le $\textbf{PDU}$ décidèrent de se coaliser (37 sièges pour le $\textbf{PDU}$ ; 26 pour le $\textbf{MPA}$ ; 2 indépendants soit 70 sièges au parlement).

Le 17 Mai 1957, le $1^{er}$ Conseil de gouvernement voltaïque est formé avec Ouezzin Coulibaly comme vice-président (7 ministres $\textbf{PDU}$ et 5 $\textbf{MPA}$)

En Septembre 1957, Joseph Conombo mit fin à l’union entre le $\textbf{PSEMA}$ et le $\textbf{RDA.}$

Son parti le $\textbf{PSEMA}$, le $\textbf{MDV}$ et le $\textbf{MPA}$ formèrent à l’assemblée le 12 Décembre 1957 le Groupe de la Solidarité Voltaïque ($\textbf{GSV}$) et Nazi Boni fut porté à la tête de l’assemblée. L’Assemblée demanda la démission du gouvernement de Ouezzin Coulibaly.

Le 22 Janvier 1958, la crise prit fin avec le ralliement de certains membres du $\textbf{MDV}$ (Koudougou) dont Maurice Yaméogo devint ministre de l’intérieur dans le nouveau gouvernement. 

Dans la nuit du 7 Septembre 1958, Ouezzin Coulibaly meurt à Paris et Maurice

Yaméogo assure l’intérim de la vice-présidence. Le PDU se transforma également en Union Démocratique Voltaïque ($\textbf{RDA}$) sous la direction de Maurice Yaméogo, le 28 Septembre les Voltaïques disent Oui à plus de 90 % à la constitution de la république. 

B.  La marche vers l’indépendance

La Haute Volta vota pour la communauté franco-africaine à l’instar des colonies françaises. Cependant, le 17 Octobre le $\textbf{Moogho Naaba Kougri}$ tenta d’instaurer vainement une monarchie constitutionnelle. Le 11 Décembre 1958, la Haute Volta devenait une république autonome membre de la communauté. La marche vers l’indépendance de la Haute Volta a été par ailleurs marquée par la lutte entre fédéralistes et anti fédéralistes. Jusqu’en 1959 tous les leaders voltaïques sont favorables à la constitution de fédération. Ainsi donc la Haute Volta adhéra à la Fédération du Mali le 28 Janvier 1959. Deux mois plus tard, sous l’influence de Houphouët, la Haute Volta se retira de la Fédération du Mali (15 Mars 1959) et adhéra le 29 Mai au Conseil de l’Entente. Les Fédéralistes ($\textbf{PAI}$ – 1958 et $\textbf{MLN}$- 1957 de Ki Zerbo et le $\textbf{MRV}$-Mouvement de Regroupement Voltaïque crée de l’union entre le $\textbf{PSEMA, MDU, MPA}$ c’est-à-dire le $\textbf{GSV}$) réclamèrent l’indépendance immédiate contrairement à Maurice Yaméogo qui s’y opposait. Cependant l’évolution de la fédération du Mali fit changer les politiques du Conseil de l’Entente. A l’instar des autres colonies de l’Entente, la Haute Volta devient indépendante le 05 Août 1960.

IV.  CONCLUSION

De multiples raisons ont été à l'origine de la montée du nationalisme en Haute-Volta : Les abus du système colonial, le démantèlement de la colonie qui freine sa mise en valeur et la dette de sang qui ont poussé les voltaïques à réclamer les indépendances. Ainsi, l'autorité politique traditionnelle et des partis politiques ont lutté pour l'obtention de l'indépendance de la Haute Volta le 5 août 1960.