LES CONQUÊTES ET LES RÉSISTANCES EN AFRIQUE DE L'OUEST
I. Introduction
A l’issu de la conférence de Berlin, l’Afrique a été partager sur le papier mais la conquête sur le terrain s’annonce difficile. En effet, les européens vont se heurter un peu partout à des résistances notamment en Afrique de l’Ouest.
II. Caractéristique générale des résistances
L’expansion européenne en Afrique s’est heurtée à plusieurs résistances notamment :
- La résistance des royaumes africains traditionnels : le Dahomey, l’Ashanti.
- La résistance des chefs africains tels que El hadj Omar Tall, Ahmadou, Samory Touré, Lat Dior Diop, Naba Wobgo dit Boukary koutou
- La résistance des peuples tels que les Lobis, les Samo.
Ces différentes résistances peuvent être classées en deux (02) grands types :
- La résistance active c’est-à-dire les résistances armées
- La résistance passive c’est-à-dire les résistances non armées.
III. Les conquêtes et les résistances en Afrique Occidentale Soudano-Sahélienne
A. La résistance d’Ahmadou
L’empire Toucouleur qui regroupait les pays du Sénégal de la Gambie et du Fouta Djalon fut créé par El Hadj Omar Tall un marabout Toucouleur.
El Hadj omar Tall s’opposait à l’implantation des français. Il lutta ardemment contre Louis Faidherbe (Gouverneur du Sénégal). En 1964 il trouva la mort suite à une révolte des Peulh du Macina[1]. Son fils Ahmadou lui succéda, mais très tôt celui-ci fut confronté à des difficultés internes. Il signa en 1881 un traité de protectorat avec les français. Trahissant ce même traité, Ahmadou fut attaqué par les français en 1889. Il lança un appel à la guerre sainte et il résista fermement. Finalement vaincu, il se réfugia à Sokoto au Nigéria actuel où il mourut en 1898. Les français intégrèrent cette région à l’AOF (Afrique Occidentale Française).
[1] Macina, région centrale du Mali, recouvrant le delta intérieur du Niger.
B. La résistance de Lat Dior Diop
Au Sénégal, Lat Dior Diop a été l’un des opposants à l’implantation coloniale. Souverain du Cayor en 1862, il s’oppose aux français qui avaient annexés son royaume en 1864. En 1879, il se réfugia dans le Baol et poursuivit la guérilla. Le 26 Octobre 1886, il meurt entourer de ses derniers guerriers.
C. La résistance de Samory Touré
D’origine Malinké, Samory Touré crée un vaste empire dans le Haut Niger dont la capitale était Bissandougou. Les français contrôlant l’Afrique Occidentale se heurtèrent à Samory. Ce dernier possédait une puissante armée (les sofas) bien organisée et équipée ce qui lui permit de mener une longue guérilla contre les colonisateurs. Sa résistance inspirée du Djihad (guerre sainte) dura ainsi 17 ans. En 1894, Bissandougou est incendiée par les français, mais Samory refusa de capituler.
Il se déplaça ainsi vers l’Est en pratiquant la technique de « la terre brûlée ». Il arriva ainsi à prendre Kong, Bouna et Séguéla dans le Nord de la Côte d’Ivoire où il fonda un nouvel empire. Mais l’avancés des français et des anglais obligea Samory à reprendre les armes. Le 29 septembre 1898, Samory est surprit et arrêté dans son camp de Guelemou par les français. Il fut déporté au Gabon où il mourut en 1900.
IV. Les conquêtes et les résistances en Afrique occidentale côtière et humide
A. La résistance du Dahomey
Béhanzin roi du Dahomey s’opposait à l’implantation des européens dans son royaume. En 1892 une mission de l’armée française dirigée par le colonel Dodds fut constituée pour écraser la résistance de Béhanzin. L’armée française livra une longue bataille contre celle de Béhanzin composée en partie des célèbres amazones. Finalement l’armée française sortira victorieuse. En 1894 Béhanzin est capturé et exilé. Il mourut en 1906 en Algérie. Les français imposaient ainsi leur domination sur toute la région.
B. La résistance du royaume Ashanti
Au milieu du XVIIe siècle, le royaume Ashanti résistait à la Grande Bretagne qui tentait d’en prendre le contrôle. En 1896, une troupe anglaise prit Koumassi la capitale. Le souverain Ashanti Prempeh fut capturé et exilé ainsi que les principaux notables. L’Ashanti fut ainsi intégré à la Gold Coast (actuel Ghana) mais la population poursuivit longtemps la résistance.
V. Les causes de l’échec des résistances
En dehors de l’Ethiopie qui a su infligé une défaite aux colons italiens, aucune autre forme de résistance n’a pu faire échouer la conquête de l’Afrique par l’Europe. Plusieurs raisons sont à l’origine de l’échec des résistances africaines à la colonisation. On peut citer entre autres:
- Les européens ont bénéficié de la supériorité technique et stratégique au détriment des africains. Ils ont utilisé des armes à feu contre les africains qui n’étaient souvent armés que d’armes blanches (coupe-coupe, flèche, lance, gourdin etc.). Ils ont également utilisé des armes à répétition quand cela était pour venir à bout des armées africaines qui utilisaient eux même des armes à feu. Les européens avaient des stratégies militaires mieux élaborées en plus ils utilisaient des africains pour conquérir des régions situées loin de la leur.
- Les européens ont souvent eu recourt à la négociation pour éviter les affrontements entre eux sur le sol africain. Ainsi le congrès anti-esclavagiste de Bruxelles de 1890 interdisait la vente d’arme à feu aux africains pour faciliter la conquête, la conférence de Brazzaville s’inscrit également dans cet ordre d’idée.
- Les africains en plus de leur infériorité technique et stratégique ont été incapable de s’unir contre les conquérants européens. En effet Ahmadou refusa de s’unir à Samory. Certains peuples pour éviter d’affronter les européens sachant qu’ils perdraient ont préféré se soumettre à eux ou même collaborer avec eux dans la conquête d’autres peuples. Cette absence d’unité entre les peuples africains a été l’une des raisons les plus déterminantes de leurs échecs face aux colonisateurs européens.
VI. Conclusion
Malgré la ferme volonté des africains de préserver leur territoire et leur liberté, ils n’ont pas pu résister aux conquérants européens. Cela est dû en partie au manque d’unité entre africains pour lutter contre les colonisateurs européens.