La méthodologie de la dissertation littéraire
I. La compréhension du sujet
A. Les précautions à prendre
En face d’un sujet de dissertation, il faut :
- bien lire le sujet en vue de saisir sa profondeur à travers ses éléments constitutifs ;
- rechercher les mots clés du sujet ;
- souligner ou entourer ces mots clés ;
- chercher à saisir le sens de ces mots clés en vue de les insérer dans la logique du sujet ;
- résumer le sujet en une ou deux phrases pouvant constituer des questions par la suite ;
- enfin, relire le sujet pour s’assurer que l’on n’en a pas fait une mauvaise analyse.
B. À la recherche des idées
Après avoir compris le sujet, il est important de rechercher les idées. Tout le monde possède des idées. Mais ce qui pose souvent problème, c’est parvenir à mobiliser les bonnes idées pour bâtir un solide argumentaire. Pour cela, le rédacteur doit être énormément cultivé sur les plans littéraire, politique, économique, culturel, religieux, social, … La lecture, l’acquisition de bonnes informations via les médias, les films, les recherches sur internet, … s’avèrent nécessaires pour y parvenir.
Pour cela, il faut développer une bonne méthode de réflexion. On peut réfléchir par questionnement. Le but est de sélectionner les bonnes idées allant dans le sens du sujet en vue d’aboutir à une parfaite analyse. Il faut :
- se poser des questions devant un sujet qui pose un problème en vue de dégager des pistes de réflexion ;
- sélectionner les bonnes idées ;
- faire appel à la culture générale dans le sens du sujet ;
- aborder le sujet sous plusieurs angles ;
- être très vigilant.
Une fois le sujet bien compris et les idées mises en place, il faut songer à l’élaboration d’un plan de travail qui doit être convaincant car il doit répondre à la directive du sujet.
II. Le plan de la dissertation littéraire
Pour réussir le devoir, il faut construire un plan. Le plan doit être :
- bien construit ;
- convaincant ;
- très rigoureux.
Le plan d’une dissertation littéraire comporte trois (03) parties essentielles qui sont : $\textbf{l’introduction, le développement et la conclusion}$
A. L’introduction
Elle constitue la partie la plus importante du devoir car c’est à travers elle que l’on perçoit :
- la capacité de compréhension du rédacteur ;
- sa capacité à aborder le sujet ;
- sa maîtrise de la langue française ;
- sa manière à lui de construire le reste du travail ;
- son sérieux.
Raison pour laquelle, l’introduction doit être claire, riche et constructive. Elle comporte trois (03) étapes qui sont :
1. L’idée générale
Dans cette étape, on ne commence pas à aborder le sujet. On situe le sujet dans un contexte général. Cependant, le contexte général ne doit pas s’écarter du thème abordé dans le sujet. L’idée générale peut se faire à l’aide d’une phrase personnelle ou à l’aide de la citation d’un auteur qui traite du même problème ou qui aborde la même thématique. Si le sujet aborde par exemple la problématique du roman dans la société, le rédacteur peut situer le sujet dans le vaste contexte de « l’importance de l’art dans la société ou l’importance des productions littéraires ». Une idée générale doit être claire sans être confuse.
2. L’annonce du sujet et la problématique
Après avoir dégagé l’idée générale, il faut faire appel au sujet. On parle de l’annonce du sujet. On peut annoncer le sujet à travers une reformulation. Lorsque le sujet comporte une longue citation, le rédacteur peut conserver les guillemets et se contenter de reprendre les parties essentielles du sujet à l’aide de pointillés mis entre parenthèses. Cette étape permet par la suite de dégager la problématique du sujet. Dégager la problématique d’un sujet consiste à faire ressortir le problème que pose le sujet. Pour cela, il faut chercher à comprendre :
- ce dont il est question dans le sujet ;
- ce qui est mis en évidence dans le sujet ;
- le problème que pose le sujet.
3. L’annonce du plan
Annoncer le plan du devoir, c’est situer en termes clairs les axes principaux autour desquels doit se construire le reste du travail notamment au niveau du développement. Elle se fait à l’aide de connecteurs logiques tels : d’abord, primo, de prime abord/ de premier abord, en premier lieu, premièrement, d’une part, d’autre part, secundo, ensuite, deuxièmement, enfin, … Le plan du devoir doit être clairement annoncé puisqu’il donne une idée d’ensemble des grands axes qui seront abordés au niveau du développement. Il ne faut pas utiliser des tournures telles « la réponse à toutes ces questions constituera le fil conducteur de notre dissertation », « à la suite de notre dissertation nous expliquerons les propos de l’auteur… », « Nous tenterons de répondre à toutes ces questions dans notre développement », « en vue de mieux expliciter notre sujet, … »
Dans une introduction il ne faut pas :
- commencer à donner des arguments ;
- donner trop d’explications ;
- citer des exemples ;
- donner son jugement personnel ou son point de vue ;
- construire trop de phrases.
B. Le développement
Le développement permet d’organiser les arguments en suivant la rigueur du plan. Chaque grand axe doit comporter :
- $\textbf{une introduction partielle}$ : elle annonce le projet qui sera élaboré dans la grande partie du devoir ;
- $\textbf{des connecteurs logiques}$ : ils permettent d’assurer une bonne transition entre les idées-arguments (d’abord, ensuite, en outre, enfin,…) ;
- $\textbf{les idées-arguments}$ : elles servent à soutenir l’idée directrice, la thèse ou l’antithèse que l’on défend. Le but est de convaincre et les arguments doivent être très solides. Chaque idée-argument doit être marquée par un alinéa (décalage vers la droite de deux ou trois carreaux). Elles s’enchaînent entres elles sans se répéter ni se contredire ;
- $\textbf{les idées-exemples}$ : elles apportent des détails précis et tangibles. Leur présence illustre de manière concrète l’idée-argument. Pour ce qui relève des sujets d’ordre général, le rédacteur peut prendre appui sur des données statistiques, scientifiques, des références historiques, culturelles, des faits ou expériences personnelles vécues, des preuves palpables, ... Pour les essais littéraires c’est-à-dire les sujets dont la thématique est orientée vers la réflexion sur la problématique de la littérature, les exemples doivent être puisés dans les ouvrages littéraires. Si le sujet nous impose par exemple une réflexion spécifique sur le théâtre, les exemples doivent être tirés des œuvres théâtrales lues, chose valable aussi pour les autres genres littéraires comme la poésie, le roman, le conte et la nouvelle. Cependant, si le sujet prend en compte le vaste champ de la littérature écrite, le rédacteur peut tirer ses exemples de tous les genres littéraires de son choix. Les essais littéraires demandent donc une parfaite maîtrise des contenus littéraires. Cependant, le rédacteur ne doit pas se mettre à raconter longuement l’histoire ou les histoires contenues dans les ouvrages littéraires. Il doit faire preuve de synthèse en faisant ressortir l’essentiel du contenu exigé en quelques lignes ;
- $\textbf{une conclusion partielle}$ : elle permet de clore ce qui a été évoqué au niveau de la grande partie ;
- $\textbf{une phrase de transition}$ : elle permet de donner une idée de ce qui sera abordé dans la partie suivante.
$\textbf{N. b. : Le développement du plan dialectique présente la structure suivante :}$
- Partie I : (La thèse défendue) + introduction partielle
- (D’abord, de prime abord, primo, premièrement,…) + I.A.1 :
Ex1 : - (Ensuite, secundo, aussi, deuxièmement) + I.A.2 :
Ex2 : - (Tertio, en sus, en outre,) + I.A.3 :
Ex3 : - (D’un autre point de vue), I.A.4 :
Ex4 : - (Pour terminer, enfin, …), I.A.5 :
Ex5 :
Conclusion partielle + transition
- (D’abord, de prime abord, primo, premièrement,…) + I.A.1 :
- Partie II (L’antithèse) + introduction partielle
- (D’abord), I.A.1 :
Ex1 : - (Ensuite), I.A.2 :
Ex2 : - (Aussi), I.A.3 :
Ex3 : - (En outre), I.A.4 :
Ex4 : - (Enfin), I.A.5 :
Ex5 :
Conclusion partielle + transition
- (D’abord), I.A.1 :
- Partie III : (la synthèse) + introduction partielle
- I.A.1 :
Ex1 : - I.A.2 :
Ex2 : - I.A.3 :
Ex3 :
- I.A.1 :
C. La conclusion
La conclusion offre le bilan de la réflexion qui a été menée au niveau du développement. Elle consiste à rappeler les grands axes qui ont été développés au niveau du développement, permet d’apporter une réponse claire à la question posée par le sujet et d’élargir le champ de réflexion du problème que pose le sujet. Cependant, la conclusion n’est pas le lieu où il faut faire étalage de nouvelles idées qui seraient oubliées au niveau du développement. Elle comprend trois (03) étapes qui sont : le bilan argumentaire, l’expression du jugement personnel ou le point de vue du rédacteur, et l’extension de la problématique ou l’ouverture.
1. Le bilan argumentaire
Il consiste à rappeler les axes autour desquels s’est déroulé le travail au niveau du développement, notamment les grands axes de réflexion qui ont été abordés.
2. L’expression du jugement personnel ou le point de vue du rédacteur
À ce niveau, il s’agit de donner son point de vue, d’exprimer son jugement personnel, d’apporter une réponse claire et précise au problème que pose le sujet.
3. L’extension de la problématique ou l’ouverture
Elle consiste à élargir le champ de réflexion du problème posé par le sujet. Cette étape permet de montrer que le problème posé par le sujet peut donner lieu à d’autres débats. L’ouverture doit entretenir un rapport étroit et logique avec le thème abordé par le sujet.
Pour cela, il faut éviter d’être vague.
III. Les différents types de plans
A. Le plan analytique ou progressif
Le plan analytique répond aux sujets qui demandent une réflexion approfondie du problème que pose le sujet. L’analyse peut séparer les idées, puis proposer une synthèse en obéissant à une progression logique dans la démarche. Les sujets obéissant au plan analytique ou progressif contiennent dans le libellé les consignes suivantes : ¨Commentez cette réflexion en vous appuyant des exemples précis,…¨À l’aide d’exemples précis, développez la thèse soutenue¨,… ¨Vous montrerez, dans un développement argumenté et organisé, les limites de l’appréciation¨,…
Ex1 : Selon un homme de culture, la valorisation de la culture d’un pays est le seul moyen d’atteindre le développement durable dans ce pays.
Commentez ce point de vue.
Ex2 : « Au stade actuel de notre civilisation, l’expérimentation sur l’animal reste une nécessité et réclamer sa suppression relève de l’utopie. »
Commentez cette affirmation de H. Saint Girons sur l’utilisation des animaux en laboratoire comme un objet d’expérience.
B. Le plan dialectique ou critique
Ce type de plan convient à une discussion, un débat, l’examen d’opinions contradictoires ou l’énonciation de jugements tranchés qui devront ensuite être nuancés. Il est appelé plan dialectique lorsqu’il comprend trois (03) parties avec un dépassement de l’opposition entre la thèse soutenue et l’antithèse au niveau de la synthèse. Dès lors, on parle de la thèse qui est l’exposé argumenté, de l’antithèse qui est la présentation d’arguments opposés et de la synthèse qui est le jugement personnel où on concilie la thèse et l’antithèse. Ce type de sujet contient dans le libellé les formules interrogatives suivantes : ¨Qu’en pensez-vous¨, ¨pensez-vous que…¨, « Dans quelle mesure peut-on dire que… », « Suffit-il de… », « Peut-on considérer que… », « Dans quelle mesure peut-on adhérer à ce jugement ? », ...
Ex1 : Pensez-vous que la biotechnologie a un impact entièrement bénéfique pour le monde agricole des pays en développement ?
Ex2 : Mario Vargas LLOSA, prix Nobel de littérature 2010 affirme : « La littérature reste une des meilleures garanties pour espérer une sorte de progrès dans nos sociétés hypertechniques. »
Qu’en pensez-vous ?
1. La thèse
C’est une idée, un point de vue, une opinion, que l’on s’attache à défendre ou à soutenir à l’aide d’arguments appuyés d’exemples. Elle peut être d’un auteur ou d’ordre personnel.
2. L’antithèse
C’est une idée opposée à la thèse que l’on doit soutenir à l’aide d’arguments appuyés d’exemples. Le rédacteur est amené à montrer les limites de la thèse.
3. La synthèse
Elle constitue le plus souvent une argumentation personnelle équilibrée où l’on s’attache à concilier la thèse et l’antithèse.
C. Le plan thématique
Le plan thématique permet de mettre en œuvre une réflexion progressive. Il est utilisé pour un sujet qui suggère un ou plusieurs thèmes. Il sera alors question pour le rédacteur de réfléchir sur les différents aspects d’un thème proposé par le sujet. L’on est guidé par les grands axes thématiques du sujet.
Ex : Quelles sont selon vous les fonctions de la musique ?
D. Le plan comparatif
Il permet de mettre en parallèle deux ou plusieurs éléments pour en isoler les ressemblances et les différences. Le but est d’établir un rapprochement entre ces notions et si possible à les dépasser. Ce rapprochement passe par un examen minutieux.
Ex : Vous avez lu des œuvres, et vous avez vu des films. Pensez-vous que le film, aujourd’hui, puisse avoir un impact supérieur sur le spectateur que n’en ont les œuvres sur les lecteurs ?
E. Le plan explicatif
Il s’agit d’expliquer une opinion ou une formule. Le plan se veut libre et bien organisé. Il faut alors développer la pensée avant de l’expliquer sous ses différents angles et ce à l’aide d’exemples bien précis. Il faut recueillir et classer ces éléments pour faire comprendre l’affirmation, le point de vue ou la réalité en s’abstenant d’exprimer sa position personnelle.
Ex : « Il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée », déclarait Thomas SANKARA, le 8 mars 1987 à l’occasion de la journée internationale de la femme.
Justifiez ce point de vue à l’aide d’exemples tirés de vos lectures et expériences personnelles.
IV. La signification des consignes dans les libellés
A. La consigne ¨expliquer et discuter¨
¨Expliquer¨ exige de repérer les éléments du sujet notamment chaque élément clé, de les classer, de les analyser dans un discours qui en révèle la valeur et la vérité. Lorsqu’il s’agit de la citation d’un auteur, on s’attèle à éclaircir, à étayer son point de vue sans le déformer. ¨Discuter¨ par contre exige de peser le pour et le contre d’une affirmation, de montrer ses limites. On a donc le choix d’un point de vue ¨position critique¨ ou ¨thèse¨ qu’on décide de défendre. Il est possible d’être d’accord avec l’énoncé, de le réfuter ou d’être plus ou moins d’accord. À noter que le fait de réfuter un énoncé constitue parfois un point de vue plus difficile à défendre. De même, il est rarement possible de soutenir sans les nuancer, deux représentations opposées. Le jugement contradictoire est donc à éviter.
Ex : « Les chefs d’État ont une tendance à vouloir diriger sans répondre de leurs actes. »
À l’aide d’exemples précis, expliquez et discutez cette affirmation du professeur Joseph KI-ZERBO.
B. ¨Justifier¨
¨Justifier¨ est semblable à démontrer. On doit rédiger une explication à l’aide de preuves. Cela équivaut à défendre des arguments pour prouver un acte, un énoncé ou une idée justes ou vrais. ¨Justifier¨ est différent de ¨argumenter¨, de ¨démontrer¨ et de ¨prouver¨, dans la mesure où l’on justifie toujours pour montrer qu’un comportement, une opinion sont défendables selon certaines valeurs : la vérité, le droit, la morale, l’honnêteté, la sincérité, etc.
Ex : « Il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée », déclarait Thomas SANKARA, le 8 mars 1987 à l’occasion de la journée internationale de la femme.
Justifiez ce point de vue à l’aide d’exemples tirés de vos lectures et expériences personnelles.
C. ¨Commenter¨
Dans la consigne ¨commenter¨, la prudence sera de mise. Il n’y a aucune indication précise du type de plan à adopter. Généralement, c’est le sujet qui impose le plan à adopter ou la démarche à suivre. Cependant, puisque ce type de consigne porte sur la citation d’un auteur, le rédacteur doit étayer d’abord le point de vue de l’auteur et chercher à trancher le ou les avis. Le rédacteur peut avoir un avis tranché sur la question dans certains cas de figure.
Ex : Commentez cette affirmation de Barack OBAMA : « Rien ne libèrera plus le potentiel économique de l’Afrique que l’éradication du cancer de la corruption. »
D. ¨Montrer¨ ou ¨démontrer¨
¨Montrer¨ ou ¨démontrer¨ exige qu’on soit d’accord avec l’affirmation contenue dans l’énoncé du sujet, ce qui ne signifie pas que le travail soit impersonnel. On exerce dès lors un choix parmi certains aspects du problème au profit d'autres. La consigne ¨montrer¨ est très proche de ¨illustrer¨.
Ex : Montrez qu’aujourd’hui plus que hier la femme est un agent actif du développement.
E. ¨Argumenter¨
¨Argumenter¨, c’est tenter de convaincre le lecteur d’un point de vue donné à l’aide de raisonnements, d’explications et d’exemples. L’argumentation se distingue de la démonstration ou de la preuve parce qu’elle est toujours basée sur des raisonnements et non sur des faits. Quand on argumente, on prend parti, on n’est pas neutre. On adopte une orientation critique.
F. ¨Comparer¨
¨Comparer¨ demande de trouver des ressemblances et des points de divergences entre certains éléments pouvant être des personnages, des sentiments, des rapports, … Il faut choisir des points précis de comparaison. Celle-ci peut être au service d’une démonstration qui peut exiger une orientation explicative ou bien d’une prise de position pouvant être une orientation critique.
G. ¨Critiquer¨
¨Critiquer¨, c’est porter un jugement personnel sur la valeur d’une idée. La critique peut comporter une part d’analyse qui permettra une appréciation plus précise de chaque partie ou de chaque aspect. Quand on critique, on émet son opinion. On doit donc donner à son argumentation une orientation critique définie.